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selon les paramètres donnés dans la référence [Dab89].
Simulations
Les simulations de ce modèle par différences finies sont
à l'origine de structures aléatoires dont la morphologie
est très proche de celles qui ont déjà été obtenues dans un
Gaz sur Réseau avec réactions. Dans le cas de la réalisation présentée
sur la Figure III-13a, les conditions initiales correspondent
à la concentration d'équilibre instable
, perturbée
par un bruit blanc. La séparation du système en régions de concentrations
homogènes s'observe très rapidement ( itérations).
La répartition spatiale des deux phases évolue ensuite plus lentement;
ses hétérogénéités montrent un changement d'échelle progressif.
Lorsque des structures sont suffisamment proches, on assiste
à leur fusion ou coalescence; par un mécanisme semblable,
leur concavités initiales peuvent être comblées. De nombreux grains
parfaitement convexes - ou même sphériques - sont ainsi observables.
En parallèle, les grains qui n'atteignent pas une taille suffisante
sont condamnés à disparaître, au cours d'une lente érosion
(ou dissolution), qui est totalement isotrope - à moins que d'autres
grains suffisamment proches ne l'influencent. Ce processus semble s'accélèrer
exponentiellement avec la diminution de la taille d'un grain. Il est important
de noter la dualité de tous ces phénomènes, qui sont observables
indifféremment pour les deux phases, leur rôles pouvant être
échangés. L'évolution du système peut aussi être analysée grâce au tracé
spatio-temporel d'une section du milieu (Figure III-13b); vers son centre,
on observera par exemple la disparition d'un grain, dont le profil
spatio-temporel ressemble à une parabole (son épaisseur décroît de plus
en plus rapidement). En comparaison avec un Gaz sur Réseau, l'absence de bruit
résiduel constitue l'un des principaux avantages de ce type d'implantation:
les contours des structures apparaissent avec un meilleur constraste; en
revanche, l'effet des fluctuations est perdu.
En dimension trois, les structures produites et leurs modes d'évolution
sont similaires. La Figure III-14 montre une réalisation du
modèle, après seuillage et lissage des régions appartenant à l'une
des phases. Des simulations de milieux poreux peuvent ainsi être obtenues.
Ce premier modèle nous fournit aussi l'occasion de comparer
différents types de visualisations tri-dimensionnelles. Pour
une même image de concentrations (valeurs continues), la
Figure III-15 montre les résultats obtenus lorsque seules
les faces sont représentées (a), puis par seuillage lorsque l'on
transforme le milieu en un ensemble de cubes unitaires (b). Un lissage
additionnel (c) conduit au mode de représentation que nous adopterons
le plus souvent. Grâce à une paire de lunettes filtrantes (rouge/cyan),
l'image (d) produira un effet de relief par vision stéréo de (c).
Enfin, les représentations (e) et (f) correspondent à d'autres tentatives
obtenues dans le cadre de la recherche de méthodes pour
observer convenablement les structures générées par la version tri-dimensionnelle
d'un modèle.
Mesures
Pour estimer les caractéristiques morphologiques d'un modèle, des
mesures spatiales peuvent être réalisées, telles que des
granulométries, ou encore la covariance des concentrations.
Afin d'obtenir des résultats significatifs, il est nécessaire de déterminer leurs
valeurs moyennes grâce à des séries de simulations qui différent
uniquement par les séquences de nombres aléatoires utilisés - plus
précisément, par les germes introduits pour initialiser un générateur
de nombres pseudo-aléatoires. Dans le cas présent, ce générateur est fondé
sur la méthode bien connue des congruences; son arithmétique sur
bits doit permettre de limiter les effets indésirables de périodisation (de corrélation)
entre les valeurs pseudo-aléatoires. Par ailleurs, dans les modèles aléatoires
de réaction-diffusion qui sont traités, seule l'initialisation des concentrations fait appel à une variable aléatoire
afin d'obtenir le bruit blanc déjà mentionné. En raison du volume
trop important de calculs à réaliser, il ne sera pas possible de donner des
mesures moyennes dans le cas de simulations tri-dimensionnelles. En effet, les
temps de calculs des mesures représentent souvent une part bien plus
grande que les simulations elles-mêmes.
La fonction d'auto-covariance d'une image de concentrations (nombres flottants) est donnée
par:
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Cette expression permet de mettre en valeur l'existence d'une corrélation spatiale entre des concentrations distantes de unités dans une direction fixée; elle peut être centrée afin qu'elle tende vers zéro en l'absence de corrélation spatiale, soit :
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Enfin, la covariance est normalisée (divisée par sa valeur pour , c'est à dire la variance de , de sorte que l'on puisse comparer ses valeurs entre différents modèles, ou encore à différents temps pour un même modèle. Finalement, on mesurera la covariance centrée et normalisée, ou fonction d'autocorrélation :
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pour variant par pas de entre 0 et - en général - le tiers de la
dimension du domaine dans la direction de mesure.
Lorsque le milieu mesuré
est isotrope, la mesure de la covariance peut être réalisée dans
une direction quelconque (du point de vue pratique, selon l'une des directions
principales de la trame). La fonction d'auto-covariance d'un modèle aléatoire permet en partie
de caractériser les structures qu'il renferme. Il est ainsi
possible de distinguer plusieurs échelles ou niveaux de structures
différentes, ou encore de mettre en évidence leur périodicité
le cas échéant.
Dans le cas du modèle de Schlögl, la covariance a été mesurée sur 20 réalisations
bidimensionnelles, semblables à celle qui est présentée sur la Figure III-13.
Ses valeurs moyennes sont données sur la Figure III-16, pour différentes étapes
de l'évolution du modèle. D'une part, la portée de la covariance correspond
à la valeur de pour laquelle atteint son seuil en zéro. En l'absence
de seuil, la valeur de pour laquelle s'annule pour la première fois
pourra définir une portée (en présence d'oscillations par d'exemple).
Elle indique la taille moyenne des structures; on vérifie ainsi le changement d'échelle
déjà constaté visuellement, soit la croissance des structures. D'autre part, l'aspect
des courbes de covariance indique qu'il s'agit d'un modèle plutôt simple, sans
phénomènes de répulsion ou de périodicité. La distribution des tailles des grains
est régulière.
Pour ce modèle, deux autres mesures ont été réalisées:
Le nombre de composantes connexes constitue également une caractéristique
intéressante. Cette mesure est réalisée sur un ensemble binaire, facilement
obtenu après seuillage des concentrations. Elle dépend donc
fortement de l'intervalle de concentrations sélectionné, pour lequel il
existe une infinité de choix possibles, conduisant a priori à des résultats
totalement différents. Cependant, nous étudions des milieux qui sont
presque biphasés; dans ce cadre, un seuillage qui permet de séparer clairement
les deux phases nous semble le seul choix pertinent.
Soit une image binaire formée de grains (valeurs 1) et de vides (valeurs 0).
Pour rappel, le nombre de composantes connexes correspond au nombre de grains séparés. Il
est déterminé par le balayage de l'image associé au marquage de chaque
composante au moyen d'un parcours (ou identification) de tous les
pixels (ou voxels) qui en font partie. Lorsqu'un pixel, à valeur 1 et non marqué, est rencontré, une nouvelle composante est ainsi
détectée. Une simple file d'attente de "pixels à visiter"
permet un parcours "en largeur d'abord" de tous les pixels
qui en font partie. Chaque pixel visité est marqué (du numéro de la
composante), puis tous ses proches voisins non visités sont placés dans la file.
Dans une image, les relations de voisinage entre pixels (voxels) sont fixées;
elles caractérisent la connexité de sa trame, ou graphe de voisinage.
A trois dimensions, chaque voxel pourra par exemple disposer de voisins
(d'autres connexités possibles sont ou ). Ce type d'algorithme est issu
de la théorie élémentaire des graphes. Il s'adapte aisément aux images dont
les conditions aux limites sont périodiques, puisqu'il est fondé sur le voisinage
immédiat de chaque point.
Le nombre d'Euler-Poincaré est une caractéristique topologique souvent
associée aux composantes connexes; il indique le genre d'une structure
quelconque, c'est à dire à quelle forme (sphère, tore, etc...) cette
structure est homéomorphe (lorsqu'elle est déformée). En deux dimensions, on le détermine par
le nombre de composantes connexes (valeur 1) réduit du nombre
de "trous". Le nombre de "trous" est donné par le nombre de composantes
connexes du vide (valeur 0) moins un. Cependant, lorsque les conditions
aux limites d'une image sont périodiques, les structures bidimensionnelles étudiées
s'inscrivent dans un espace tri-dimensionnel à topologie torique; dans ce cas, il en résulte
que la formule décrite ci-dessus est erronée (elle reste
intéressante du point de vue de la signification du nombre d'Euler-Poincaré).
Une méthode plus générale consiste à décrire la structure considérée sous
la forme d'un maillage (sommets, arêtes, surfaces, ...) construit sur
la grille associée à l'image. Le nombre d'Euler-Poincaré est alors donné par:
sommetsarêtessurfacesvolumes | (III.-21) |
En deux dimensions,
est égal à zéro et
est égal au nombre de pixels à valeur .
Cette formule s'applique sans difficultés lorsque les conditions
aux limites sont périodiques; il suffit d'en tenir compte lors de
la construction du maillage.
Sur le même ensemble de 20 réalisations, ces deux grandeurs ont été mesurées
(voir Figure III-16); elles varient essentiellement au cours de la
génèse des structures (pour itérations). Pour , leur comportement
est lié au seuil de concentration choisi. Tout d'abord, le seuillage produit un milieu vide;
puis le franchissement du seuil est à l'origine d'un pic important du nombre de composantes
connexes, dont l'intensité est renforcée par les irrégularités des concentrations
à faible échelle.
La fusion très rapide de petites structures se traduit ensuite par une très forte diminution du nombre
de composantes, entre et . Cette diminution se
poursuit beaucoup plus lentement alors que les structures se sont déjà
bien organisées dans l'espace: on peut ainsi distinguer deux étapes.
Au cours de la deuxième étape, la coalescence est très limitée; le nombre
de composantes diminue parce que les structures dont la taille est trop faible
disparaissent lentement. La fusion des structures est à l'origine
de "trous" qui sont progressivement comblés pour les mêmes raisons:
chaque région (de l'une ou l'autre des phases) a une influence
proportionnelle à sa taille, donc à la quantité de matière réactive
qu'elle contient. La différence entre le nombre d'Euler-Poincaré et
le nombre de composantes connexes est ainsi maximale à la fin
de la première étape de coalescence, puis elle diminue lentement.