Dans les références
[d'Humières87,Clavin88,Zehnlé89], les règles standard de collision entre
particules (opérateur ) du modèle FHP sont complétées par un simple
échange de particules entre espèces, donc avec conservation du nombre
de particules. Cette étape est traitée de manière déterministe
pour des configurations de collision précises fixées par la
stoechiométrie de la réaction - mais dont l'occurence est aléatoire au
sein du Gaz sur Réseau. Prenons un exemple: la réaction
est réalisée en tout noeud du réseau où - strictement -
une particule et une particule entrent en collision. Une telle
règle peut être améliorée pour tenir compte des combinaisons
de réactions, lorsque plusieurs réactions élémentaires sont susceptibles
de se produire en un même noeud. C'est notamment le cas des collisions
qui impliquent de nombreuses particules. Ajoutons une
réaction
et étudions par exemple
la situation d'un noeud où se trouvent particules A et
particules . Il n'y a alors plus unicité dans les règles applicables;
lorsque toutes les particules réagissent, on obtient selon le cas:
, ou
.
De ce simple exemple apparait l'intérêt d'un opérateur de réaction
aléatoire, qui associe une probabilité de réalisation à chacune des
solutions possibles d'une configuration donnée. Ces probabilités dépendent
directement des constantes cinétiques (
), qui
jouent le rôle de pondérations permettant de choisir entre
les différentes réactions à déclencher.
Dans les travaux conduits par l'équipe du Professeur Boon [Dab89,Dab90], un
tel opérateur de réaction aléatoire est introduit afin d'étudier un modèle
précis de réaction-diffusion, le modèle de Schlögl. Cependant, dans ce cas
il s'agit d'un automate cellulaire implanté sur une grille carrée (en dimension 2),
et pour lequel la diffusion des particules ne résulte pas de leurs collisions. Des
rotations aléatoires des vitesses des particules y représentent des pseudo-collisions
avec d'autres particules virtuelles - il s'agit un mode de diffusion assez proche
des marcheurs aléatoires déjà présentés. Pour cet automate cellulaire, l'opérateur
de réaction est défini en tant que processus de "naissance et mort" d'une particule;
il dépend du nombre de particules par noeud du réseau et de probabilités de
transition appropriées. Nous reviendrons sur ce modèle dans la section suivante (3.3).
Une autre variante d'automate cellulaire propre à simuler des réactions
chimiques est proposée dans la référence [Karapiperis94]. Contrairement
aux précédents, ce modèle n'inclut aucun principe d'exclusion. Le nombre
de particules est ainsi illimité en tout noeud du réseau; il correspond
de fait à une concentration "entière". La diffusion des particules ne
peut alors être assurée que par des marches aléatoires usuelles, sur
une grille carrée. Un opérateur aléatoire de réaction permet de faire
varier localement le nombre de particules pour chaque espèce, en
fonction des constantes cinétiques d'un ensemble de réactions
quelconques, comme évoqué précédemment. Cependant, rien n'empèche
une explosion du nombre de particules au cours d'une réaction, jusqu'à
atteindre des niveaux qui n'ont plus aucun sens physique.
Nous considérons ici le cas général d'un Gaz sur Réseau
à espèces - obtenu en associant à chaque particule
l'une des espèces possibles. Dans l'implantation de
notre modèle, on a
, ce qui autorise
donc un très grand nombre d'espèces chimiques.
Appelons concentration
locale de l'espèce , le nombre
de
particules de cette espèce au noeud et au temps .
Pour le modèle FHP-III que nous utilisons, on a ainsi
.
Par extension, l'espèce
représentera les vides de la texture
- ou pseudo-particules appartenant au vide.
A la règle d'évolution usuelle d'un Gaz sur Réseau - collisions et translations - est ajoutée une étape de réaction chimique définie comme suit: [Decker96,Decker97]
Une variante de cet opérateur consiste à ce que
les probabilités de réaction dépendent d'une ou deux espèces seulement - soit
ou encore
.
Une telle restriction a principalement un intérêt algorithmique puisqu'elle évite de
calculer les concentrations locales des espèces qui pourraient se trouver
en -- pour , une look-up table ne saurait rendre ce service
puisqu'un noeud est constitué de 7 cellules codées chacune sur 8 bits.
L'opérateur de réaction que nous avons introduit génère à lui seul un processus de Markov basé sur la matrice de transition . Il est donc possible de déterminer la convergence éventuelle d'un système en l'absence de diffusion, connaissant ses conditions initiales. Il s'agit d'un processus de naissance et mort, qui respecte le principe d'exclusion du Gaz sur Réseau. A chaque application, il y a en effet addition ou suppression au plus d'une seule particule en chaque noeud. Cependant, nous proposons que l'opérateur puisse être itèré fois afin de contre-balancer l'effet de la diffusion par rapport à la vitesse des réactions. La règle d'évolution élémentaire du Gaz sur Réseau réactif devient:
(III.-12) |
Dans une approche générale, il serait possible de relier le choix des probabilités
de transition du modèle (
) avec le comportement macroscopique souhaité
au travers de la fonction . Cependant, nous préférons illustrer en détail
l'utilisation de l'opérateur dans le but de générer des textures aléatoires.
Deux cas seront envisagés: un premier modèle à une seule espèce, et un modèle multi-espèces.