Remarquons une différence importante par rapport aux systèmes de
particules déjà abordés : dans un automate cellulaire, le volume du système
peut être rempli de particules avec une densité ou concentration donnée. Alors
qu'un système de particules usuel se fonde sur une liste illimitée de particules
associées à leur position dans un espace continu, la taille d'un automate
cellulaire correspond à son nombre de cellules, qui dépend
directement des dimensions du champ de simulation. On passe ainsi de la
notion de particules à celle d'emplacements en nombre finis. En contrepartie,
la structure d'un automate cellulaire permet d'accéder directement aux particules
présentes dans une région donnée de l'espace. Ce point constitue le principal avantage
des automates cellulaires. N'oublions pas qu'il s'agit de modèles qui ont
- avant tout - été conçu en réponse à de sévères contraintes informatiques.
L'objectif premier résidait dans la mise au point de modèles effectivement opérationnels,
dont le niveau de complexité était compatible avec les moyens de calcul alors à disposition.
La notion de calculabilité s'avère ainsi primordiale; c'est elle qui influence souvent la
mise au point d'un modèle.
L'évolution d'un automate cellulaire est fondée sur l'application de
transformations locales, à partir d'un état initial. Ces transformations
sont appelées les opérateurs de l'automate; elles sont appliquées
séquentiellement, dans un processus itératif. Tous les sites du réseau
sont traités simultanément en appliquant le même ensemble de règles d'évolution. Une
transformation quelconque peut être basée sur une table pré-calculée, qui à partir
de la configuration d'un site, donne directement sa nouvelle configuration après
l'application de la transformation.
Ces structures de données sont appelées des look-up tables; les automates
cellulaires leur doivent en grande partie leur rapidité d'exécution.
Par ailleurs, l'accès direct aux sites voisins permet d'appliquer efficacement
les règles locales.
Les automates cellulaires forment une catégorie de modèles entièrement discrets:
Pour la simulation d'un fluide, l'automate fonctionne à partir d'un unique opérateur de diffusion. Si le modèle fait intervenir des concentrations locales, la diffusion peut être réalisée de manière simple en remplaçant la concentration en un site par la moyenne des concentrations de son voisinage [Weimar94]. Dans le cas d'un modèle à base de particules, celles-ci peuvent à présent interagir puisqu'elles se trouvent toutes simultanément dans le système, contrairement aux marcheurs aléatoires déjà décrits. Dans le cas le plus simple, chaque particule se déplace aléatoirement entre sites voisins, avec par exemple la condition qu'il reste une cellule libre dans le site destination. Ce point nous amène à introduire les gaz sur réseau, qui constituent une classe particulière d'automates cellulaires de conception plus récente. Grâce à leur structure, ils représentent bien plus qu'un modèle de diffusion, comme nous allons l'évoquer au cours du chapitre suivant.